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Projet Œuvre individuelle pour Groupe Laura


NE PIPE


exposition de Sammy Engramer à la galerie Claudine Papillon

exposition jusqu'au 8 novembre 2008

galerie Claudine Papillon - 13 rue Chapon, 75013 Paris
claudinepapillon.galerie@orange.fr


Sammy Engramer
NE PIPE
6 septembre - 8 novembre 2007.

Sammy Engramer décrit d’abord son projet pour l’exposition NE PIPE, chez Claudine Papillon, à partir de cette grande filiation quasi-mythique qui relie la poésie de Mallarmé, l’œuvre de Magritte, celle de Broodthaers, et la pensée de Foucault. Les pièces, à fort quotient textuel, sont des « dérives plastiques » dit-il, des idées matérialisées, formalisées, des œuvres avec des socles conceptuels. Tavoletta N°002, par exemple, est un jeu autour de cette opération de subversion rondement menée par ces artistes et penseurs : l’œuvre reprend la forme de la pipe de Magritte, et l’intègre comme un simulacre sur une petite tablette de bois. D’un même mouvement, elle condense la grande histoire occidentale de la représentation et elle la met à distance, sous la forme d’une paire de fesses blagueuse. Cette légère schizophrénie est typique de la méthode critique qu’il a développée, entre sérieux philosophique et décontraction absolue.
S’il explore bel et bien « un ensemble de plis de la langue, de plis et replis des idées », il y a malgré tout quelque chose d’un peu réducteur à décrire ses œuvres comme les dérives plastiques de ses idées. Déjà, il y avait dans le titre « La trahison des images » bien plus qu’une promesse analytique : il contenait une forte dose de mélodrame et de canular. De Magritte, Sammy Engramer a donc reçu aussi en partage un sens de l’humour légèrement perverti, ce goût surréaliste pour la contestation du réel, la subversion des dichotomies les plus établies (l’industrie et la nature, le langage et l’image, le rêve et la réalité, le sérieux et la drôlerie, le formel et le conceptuel) et le rapprochement de réalités éloignées en une image, et surtout en un objet. « Plus les rapports des deux réalités rapprochées seront lointains et justes, plus l'image sera forte » : le bon vieux principe surréaliste, énoncé par Reverdy, et repris par Breton dans son Manifeste, s’applique parfaitement devant les objets de Sammy Engramer.
Manimal associe ainsi (sur la base d’un jeu de mot sur phil-) la tête d’un cheval à des ampoules Philips, « une des orientations possibles entre l'industrie et la nature » dit-il.
On pourrait ajouter que la pièce évoque aussi les jeux de massacre (avec toutes les connotations possibles, fête foraine, chasse, SPA), les freakshows, et un trophée industriel. Sur le même principe, Kanji télescope un signe graphique et une pièce de mobilier.
Plus qu’une passion pour la théorie ou l’analyse, ce qui gouverne ce travail singulier est donc une forme de foi en les pouvoirs conjugués de la pensée et de l’art, une foi paradoxale qui se nourrit de witz, et qui tire sa force des espoirs et des méthodes surréalistes, mais aussi du conceptualisme le plus dur. C’est aussi une passion pour ce qui structure l’objet : qu’il s’agisse de « rendre visible les mécanismes de la chaîne économique de l’art » comme l’explique la présentation du Groupe Laura, ou plus précisément de penser l’implication d’un objet d’art (une œuvre) dans son contexte de production et de monstration (le monde de l’art, les galeries, les foires). Sammy Engramer reste néanmoins préoccupé par la possibilité de produire et de cultiver le mystère des objets : « J'essaie de savoir pourquoi je désire tant produire des objets différents, tout en sachant qu'il y a un lien commun, qui correspondrait à un état d'esprit plutôt qu'à un style. Je cherche ce qu'il m'est permis de penser et de faire dans ce monde chaotique sans tomber dans l'eau tiède. » Il ajoute : « Je m'intéresse au fait qu'un objet devienne suspect, qu'on puisse le suspecter de ne pas représenter ce qu'il devrait à première vue dire, signaler, montrer ».
En dépit de la mythologie philosophique qui hante son travail , et en dépit de son refus apparent du style, Sammy Engramer a fini par donner à ces objets hybrides, idiots, très propres et travaillés, une totale autonomie et un incroyable air de famille : ils sont tous suspects.
Jill Gasparina

La galerie Claudine Papillon propose cette première exposition personnelle de Sammy Engramer, et présentera une sélection de pièces supplémentaires à Slick 08, du 24 au 27 octobre prochain (Le cent quatre, stand H2).

Né en 1968 à Blois, il vit et travaille à Tours. Il est membre actif de Groupe Laura.



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