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Projets du collectif

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Historique

Les membres actifs de Groupe Laura travaillent en fonction des besoins que génère une structure se destinant à exercer des activités culturelles. Les intentions de Laura différent d'une critique négative du marché de l'art. Au sein d'une critique positive et radicale, Groupe Laura a la volonté de transformer les actes et les actions professionnelles en art. Les actions artistiques de Groupe Laura se développent au sein d'une Activité Professionnelle. La communication, la diffusion, l'exposition sont autant de secteurs que les artistes de Groupe Laura investissent de façon à rendre visible les mécanismes de la Chaîne économique de l'art. Les membres de Groupe Laura illustrent les méthodes d'investigations et de territorialisations relatives au développement de l'art contemporain.

Comme toutes les structures de la Chaîne, Groupe Laura doit créer une image de marque passant par le concours, le prix, l'exposition ou l'annonce. Reste que Groupe Laura est un collectif d'artistes qui détourne et s'approprie les mécanismes de la Chaîne. De ce point de vue, Groupe Laura a pris la décision d'éditer des annonces sur des revues d'art spécialisées. Le principe est de créer un marché par le biais d'annonces. Pour se faire, chaque annonces propose une œuvre d'art ou un projet d'artiste.

Description

Une série d'encarts publicitaires (quart de page) est ventilée sur un ensemble de revues d'art spécialisées ou non. Les annonces incluent le nom de l'artiste, le titre de l'œuvre d'art ou du projet, les matériaux, les dimensions, une description sommaire de l'œuvre ou du projet, et le coût de l'opération (avec une mention : production, communication, diffusion).

Analyse

La critique sociologique du caractère de l'artiste est la suivante : l'artiste représente le chef de fil d'une conception libérale sinon néo-libérale de l'économie. La force de travail d'un artiste est bien supérieure à celle d'un salarié d'entreprise. L'artiste produit de jour comme de nuit, conçoit des projets, rencontre des interlocuteurs susceptibles d'exposer et de vendre ses œuvres, diffuse et médiatise une conception du monde dont les contenus sont douloureux, sensibles, critiques, ironiques, etc. L'engagement, la force de travail, l'adaptation, la réactivité, la ténacité de l'artiste sont repris par le monde du travail afin d'être appliqués à l'entreprise. Cette critique sociologique fait état d'une différence fondamentale entre la jouissance (mêlée d'angoisse) à concevoir, produire et diffuser une œuvre et une méthode qui contraint le simple salarié à générer plus de travail, jusqu'à intégrer l'entreprise dans sa vie privée. Marx pensait qu'un jour chaque travailleur pourrait jouir des conditions de production de la création -- en créant, le salarié trouvera le moyen de résorber une forme d'aliénation propre au monde du travail. Effectivement, les conditions de production de la créativité n'existent pas chez le salarié, comme les conditions de production de la jouissance ne sont pas les mêmes pour l'artiste et pour le salarié. Toutefois, notons que l'artiste est instruit par les conditions de production de la création -- en règle générale, l'artiste représente un salarié qui travaille beaucoup, qui gagne et qui rapporte.

Par le biais de la série d'annonces, Groupe Laura tient à exposer frontalement le problème. L'artiste passe par une série d'étapes avant de pouvoir s'exposer. Ces étapes se rapportent à la Chaîne économique de l'art. Pour exposer, vendre et imposer une image (celle de l'artiste ou de son œuvre) il est judicieux d'emprunter un parcours borné de structures artistiques (tels que les centres d'art ou les galeries), de médias (revues d'art, conférences), d'achats (collection, réalisation de projet), d'aides (bourses d'état, prix, etc). Il y a donc des conditions de production de la création relatives aux conditions de production de la jouissance artistique, en l'occurrence, celle de l'artiste. Pour cette action, Groupe Laura souhaite circonscrire des faits se rapportant à un système de vente afin de les imposer sans passer par l'ensemble des maillons de la Chaîne économique de l'art. En quelque sorte, nous évacuons les détaillants pour passer directement du producteur au consommateur avisé et spécialisé en art contemporain. Nous répondons donc à la demande néo-libérale de l'économie en créant un marché potentiel, cela dit, nous créons également une forme autonome relative aux conditions de production de la création. Est-ce que cette forme est applicable au salarié contrit et contraint par le monde de travail ? Nous ne le savons pas. Par contre, ce que nous savons, c'est que nous produisons notre propre mode de jouissance (artistique).

Nous revendiquons les annonces comme une création à part entière, donc nous les vendons au même titre que les projets sous la forme d'un tirage numérique.

Sammy Engramer pour Groupe Laura.



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