Imbiss de Kristina Solomoukha et Damien Deroubaix
Spécifiquement conçu pour la fête de la ville de Noisy-le-Sec, le projet Imbiss – qui signifie en allemand « sur le pouce » – est une architecture hybride, sorte de construction entre la baraque à frites de fête foraine et le kiosque de vente à emporter. Ce projet fait suite à la collaboration de Kristina Solomoukha et Damien Deroubaix débutée en 2003 lors de leur exposition à la galerie Glassbox, à Paris.
Imbiss a été installé dans un alignement de stands dans le cadre d’une fête communale à Noisy-le-Sec.
Imbiss est le fruit d’une rencontre entre Damien Deroubaix et Kristina Solomoukha, où se rejoignent des préoccupations voisines, notamment le recyclage des signes contemporains.
Basée sur l'appropriation et le réemploi d'un environnement visuel direct ou médiatique, l'œuvre de Damien Deroubaix s'accomplit en effet après des périodes de collectes et d'observation, préalables à la réalisation de dessins, sculptures et environnements (Olivier Michelon). Imbiss montre des signes publicitaires détournés et transformés. La bulle éclatée (empruntée aux grandes surfaces) qui symbolise un événement – une promotion, 2 pour le prix d’1, liquidation totale… - apparaît juchée sur le toit d’Imbiss comme une occasion à saisir, le signifié s’imbriquant dans le signifiant et vice versa.
Sorte d’intrus dans le flux des logos et des écriteaux des franchises, la baraque à frites est prévue pour être montré dans le contexte urbain, avec un souci d’intégration paradoxal au paysage d’enseignes – à la Robert Ventury (" L'enseignement de Las Vegas ", " De l'ambiguïté en architecture ") – notamment dans des rues commerçantes.
Groupe Laura propose donc à Kristina Solomoukha et Damien Deroubaix de présenter Imbiss dans l’espace public de Tours, au niveau du porche Nord-Ouest de la rue Nationale.
Durant deux samedis consécutifs (20 et 27 mars), cette architecture hybride sera confrontée à la rue la plus commerçante, au moment où le flux des passants est le plus dense.
Cette installation est présentée en lien avec le workshop et l’exposition de Kristina à l’Ecole supérieure des beaux-arts de Tours.
Programme :
Samedi 20 mars de 14h30 à 18h : My Way par FMdD
Dans l’après-midi, FMDD (Frank Met Des Disques, alias Frank Lamy), nous entraînera dans une transe urbaine aux odeurs du célèbre morceau My Way.
Ce même après-midi sera ponctué d’actions légères autour du concept de frontalité d’Imbiss : jouant sur l’aspect plan des enseignes, Groupe Laura programme une sorte de stand de photographe, où les passants, visiteurs pourront se faire photographier devant Imbiss, tel des touristes. En fin d’après-midi, les modèles pourront venir chercher leur photographie – qui aura été affichée sur un panneau attenant à la baraque à frites – donnant lieu à un moment de convivialité, autour d’un verre de Chinon, qui conclura la journée.
Samedi 27 mars de 14h30 à 18h : Les instants paysages d'Eric Foucault
Il s’agit d’une série d’actions collectives – participationnelles – de paysagisme urbain, initiée et supervisée par Eric Foucault pour Groupe Laura.
Imbiss sert de repère, point de « non-vente » dans l’espace public commerçant (Rue Nationale).
Des sacs quadrangulaires sont distribués aux passants (ils sont informés du projet et savent qu’ils participent à une action artistique paysagère) . Les portant à la main par la poignée, ils vont concourir à l’élaboration d’un paysage linéaire, une bande chromatique dans le flux du shopping..
Le sac plastique ou kraft des magasins apparaît toujours au même niveau par rapport à la rue et aux gens : quelques centimètres au-dessus du niveau du sol, à hauteur de cuisses. Ce phénomène de bande chromatique existe déjà « involontairement » chaque samedi après-midi, seulement, les actions Instants-paysage proposent de recourir à une seule couleur. Exacerber le statut du commerçant paysagiste et la lutte à laquelle se livrent les franchises par le biais de la communication sur les sacs.
Des témoins sont placés à différents endroits de la Rue Nationale, pour enregistrer ces Instants-paysage :
- Les Instants-paysage : franchise
Une collecte de sacs issus de franchises aura été faite auparavant.
Il s’agit de mettre en circulation (distribution + explication aux passants) à un moment donné et sur une durée définie, des sacs d’une seule franchise, d'une seule couleur. Et ainsi créer un Instant-paysage (mono)chromatique. Des « Paysages-monopoles FNAC » (monochrome caca-d’oie), des "Paysages-monopoles Celio (monochrome rouge)… Et toute sorte d’intrusion, d’anachronismes, comme les « Paysages-monopoles BABOU » (bichrome jaune et noir) sacs issus d’un magasin qui n’existe pas en Touraine et dont l’impact visuel est fort, d’autant qu’il reprend le motif symbolique de la bulle éclatée que l’on trouve sur Imbiss.
Karl Marx par Damien Deroubaix
Par ailleurs, Groupe Laura propose à Damien Deroubaix la production d’une bâche plastique imprimée d’une aquarelle de l’artiste. Ce panneau mobile, de 4 m / 3 m, sera montré juché sur une structure tubulaire, à 2.50 m de haut, sur la façade de la Maison des Associations Culturelles de Tours, place Plumereau. Son installation aura lieu en même temps que l’exposition de Kristina Solomoukha à l’ESBAT.
Ainsi les deux artistes auront une actualité indépendante et se retrouveront sur un projet de collaboration, Imbiss.
Kristina Solomoukha
Kristina Solomoukha travaille notamment sur l’empathie des franchises avec leurs supports de communication ; par la caricature et l’exacerbation, ces bâtiments finissent par ressembler à leur logo. Ici, les panneaux, enseignes sont dépourvus de leur sens commercial et deviennent des éléments constitutifs de l’architecture d’Imbiss..
Damien Deroubaix
L'accumulation de signes distincts sur un même support n’est pas sans rappeler les aquarelles de Damien Deroubaix, développant une iconographie underground : son travail passe toutes sortes d’icônes de la société de consommation et sa mécanique aguicheuse au crible d’une esthétique " sauvageonne " (Christophe Montisanto). C’est bien de cela dont il s’agit avec l’irruption momentanée d’Imbiss dans l’espace public, ce dernier étant désormais dévolu au commerce. |